Il faut quand même avouer une chose : décaler l’âge de départ à la retraite à 64 ans, c’est pas rien. Surtout si on ne l’accompagne pas d’un discours positif qui concerne toutes les générations.
Parce que nos juniors, nos jeunes, nos apprentis, nos stagiaires, nos débutants vont enfin avoir accès au savoir avec un grand « S ». À leur arrivée dans l’entreprise, plutôt que de boire la tasse dans le grand bain, ils boiront les paroles des seniors « sachants », de ceux qui connaissent le secteur, le métier, l’entreprise, les clients, les process, les bonnes pratiques, les mauvais réflexes, les raccourcis, les chemins à ne pas emprunter, les astuces pour séduire et même l’ascenseur qui va le plus vite le matin.
Oui, nos « vieux », nos aînés, nos seniors, nos futurs retraités, nos grands-parents, nos « dinosaures » savent tout. Dans l’entreprise, ils ne sont pas des seniors : ils sont des sachants. Quand nos jeunes - qui ont tout à apprendre ! - devront se montrer productifs, efficaces, « plug & play » comme on dit dans le jargon, sans déranger personne, ils pourront se tourner vers les sachants. Ceux qui ont vu et vécu le métier depuis des années. Ceux qui sont, en réalité, le patrimoine de nos entreprises. En quittant l’entreprise à 64 ans, nos sachants vont transmettre leur savoir, raconter leur carrière, épauler les jeunes, accompagner les débutants, former des apprentis et, ainsi, travailler leur sentiment d’utilité.
Il faut faire de la transmission de son savoir avant de quitter l’entreprise une étape de carrière obligatoire. Un programme que les seniors rejoignent pour organiser le transfert de leurs connaissances. Si les entreprises se mettent à considérer les seniors comme des sachants, de vrais atouts, que ces sachants deviennent des passeurs de savoir, des formateurs, des mentors. Si les entreprises les valorisent auprès des jeunes générations comme un atout, un avantage salarié, un welcome bonus…
Alors, dans 10 ans, un jeune demandera lors de son entretien d’embauche s’il peut bénéficier du télétravail, des tickets restaurant, d’un 13ème mois… et s’il y a des seniors dans l’entreprise !
C’est le pari que nous devons tous relever. Valoriser le savoir de nos sachants, plutôt que le coût de nos seniors.
SOPHIE GAILLET,
FONDATRICE D’INTELLIGENCE SENIOR
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